Le 05 avril, les élèves de la Première ES2 et quelques étudiants CPGE ont échangé avec l’écrivain Yannick Haenel, ancien étudiant de classe préparatoire du lycée et Prix Médicis 2017 pour son roman Tiens ferme ta couronne. Cette rencontre organisée au CDI par M Ollivier, Professeur d’Histoire-Géographie, est venue clore le projet transdisciplinaire mené durant l’année scolaire en Histoire, EMC et Français, autour d’un autre roman de l’écrivain, Jan Karski, paru en 2009, et de son adaptation théâtrale Jan Karski (Mon nom est une fiction) d’Arthur Nauzyciel avec le comédien Laurent Poitrenaux, au TNB. Jan Karski était un résistant polonais qui a tenté en 1942-1943 d’alerter les Alliés du massacre des Juifs d’Europe.
Après la lecture par des élèves d’un extrait du récit de Magda Hollander Lafon, déportée à Auschwitz-Birkenau, Quatre petits bouts de pain, « pour que cela n’arrive plus jamais dans le monde », Yannick Haenel a répondu aux questions des jeunes, amenés ainsi à s’approprier l’oral. Il s’agissait de se demander dans quelle mesure, entre faits et fiction, la postmémoire de la Shoah est possible. Yannick Haenel s’est interrogé avec les élèves sur la place de la Shoah dans nos vies, sur la possibilité et l’impossibilité de parler l’irreprésentable. Il a ainsi rapproché l’écrivain du témoin, « celui qui voue une partie de sa vie à prendre en compte la difficulté de trouver des mots ». Jan Karski a été selon lui ce qu’on appellerait aujourd’hui un lanceur d’alerte, A travers la solitude de Karski, qui a connu en quelques mois les lieux inconciliables que sont le ghetto de Varsovie, le camp de Izbica Lubelska et la Maison Blanche, c’est la dimension intérieure et spirituelle du langage qui a été approchée, imaginée par l’écriture interrogative de l’écrivain. Pour celui-ci « il y a toujours de l’indemne jusqu’au bout » et « la parole peut nous sauver » : c’est le petit point lumineux dont il est question à la fin du roman et auquel Yannick Haenel accorde beaucoup d’importance.
La rencontre et les échanges au lycée ont été complétés dès le lendemain par l’assistance des élèves à la conférence de l’écrivain et de l’historienne Annette Becker, qui s’est tenue aux Champs Libres, pour un regard croisé de la littérature et de l’histoire, côte à côte.