
Après la lecture par des élèves d’un extrait du récit de Magda Hollander Lafon, déportée à Auschwitz-Birkenau, Quatre petits bouts de pain, « pour que cela n’arrive plus jamais dans le monde », Yannick Haenel a répondu aux questions des jeunes, amenés ainsi à s’approprier l’oral. Il s’agissait de se demander dans quelle mesure, entre faits et fiction, la postmémoire de la Shoah est possible. Yannick Haenel s’est interrogé avec les élèves sur la place de la Shoah dans nos vies, sur la possibilité et l’impossibilité de parler l’irreprésentable. Il a ainsi rapproché l’écrivain du témoin, « celui qui voue une partie de sa vie à prendre en compte la difficulté de trouver des mots ». Jan Karski a été selon lui ce qu’on appellerait aujourd’hui un lanceur d’alerte, A travers la solitude de Karski, qui a connu en quelques mois les lieux inconciliables que sont le ghetto de Varsovie, le camp de Izbica Lubelska et la Maison Blanche, c’est la dimension intérieure et spirituelle du langage qui a été approchée, imaginée par l’écriture interrogative de l’écrivain. Pour celui-ci « il y a toujours de l’indemne jusqu’au bout » et « la parole peut nous sauver » : c’est le petit point lumineux dont il est question à la fin du roman et auquel Yannick Haenel accorde beaucoup d’importance.
La rencontre et les échanges au lycée ont été complétés dès le lendemain par l’assistance des élèves à la conférence de l’écrivain et de l’historienne Annette Becker, qui s’est tenue aux Champs Libres, pour un regard croisé de la littérature et de l’histoire, côte à côte.
