Ce peintre peu connu, venant de Lituanie et arrivé à Paris en 1912, nous a captivés par son explosion de couleurs et son pessimisme effrayant, surtout au début de son œuvre… La guide, très sobre et très compétente, nous a promenés à travers les paysages tourmentés, les portraits déformés, les corps disproportionnés aux doigts tordus, sans oublier les carcasses de bœufs sanguinolentes. Mais Soutine a peint aussi « la Polonaise » et « le petit pâtissier », portraits plus sereins, et également beaucoup de natures mortes. Le dernier tableau de cet homme décédé en 1943 laisse la place à un message positif : l’amour d’une grand-mère pour sa petite–fille, un sentiment qui ne transparaît pas beaucoup dans son œuvre ; et pourtant, « Chaïm » en hébreux signifie la vie…
Après une pause déjeuner, nous nous sommes dirigés vers le boulevard de la Bastille pour gagner la « Maison Rouge » où se trouve l’exposition « Sots art » ou l’art politique en Russie de 1972 à nos jours. Exposition complémentaire à la visite du matin. Après un peintre inclassable, le premier mouvement d’avant-garde russe depuis les années 20 ! Souvent l’utopie socialiste et le rêve américain sont associés pour produire des images stéréotypées. Artistes non-conformistes, poètes dissidents organisent des expositions dans des appartements privés où ils essaient d’échapper à la milice et au KGB.
Parmi les œuvres qui ont marqué les élèves : Staline et les muses, allusion à l’instrumentalisation des arts par le pouvoir, et les baisers rituels à la russe, rituel politique dans le cas de Brejnev et Honecker ( « Dieu, aide moi à survivre à cet amour mortel »), cette œuvre se trouvant initialement peinte sur le mur de Berlin.
Pour terminer, il fallait voir Lénine se retourner dans son cercueil de verre, un Lénine plus rond et plus rose que dans sa cage moscovite, un pantin désarticulé confronté à une réalité qu’il aimerait pouvoir éviter….
Une journée très riche et très bien organisée par le professeur de russe à qui nous exprimons notre reconnaissance !