Djamila Ribeiro est une chercheuse en philosophie politique brésilienne. Elle est suivie par des millions de personnes sur les réseaux sociaux et est très connue au Brésil, étant une des figures principales du débat sur la place de la femme noire dans la société brésilienne. Elle a fait de nombreuses conférences au Brésil mais aussi dans le monde entier, notamment à l’ONU. Elle a étudié les féministes Simone de Beauvoir et Judith Butler. En 2016, elle a été nommée secrétaire adjointe pour les droits de l’homme et de la citoyenneté à São Paulo. En France, les éditions Anacaona ont publié deux de ses ouvrages : La place de la parole noire et Chroniques sur le féminisme noir.

Pour sa tournée de promotion francophone, Djamila Ribeiro est venue au lycée Chateaubriand à Rennes, pour une rencontre organisée par la professeur de portugais Ana Silvia Daudibon le 15 mai 2019. Des lycéens (les élèves des classes de portugais, d’histoire, de philosophie) mais aussi des étudiants des classes préparatoires sont venus assister à cette rencontre. Les étudiants ont pu poser leurs questions et Djamila y a répondu, évoquant de nombreux sujets. Elle a donc parlé de ses ouvrages et de sa vision du féminisme noir, des violences sur les jeunes noirs (notamment au Brésil). Elle nous a parlé de la différence entre le féminisme français et le féminisme noir : alors que la femme blanche parle d’universalité dans son combat, elle ne réfléchit finalement pas aux difficultés que rencontrent les femmes noires, les lesbiennes, les transgenres. Ce qui fait que ses combats, ses discours ne sont pas adaptés à toutes les femmes. Le féminisme noire pense aux femmes noires, pense à leur combat contre le racisme en même temps que leur combat contre le sexisme. Le féminisme noir (que ce soit le brésilien ou celui, historique, des États-Unis) estime qu’il est essentiel de nommer les problèmes afin de pouvoir les combattre. Elle nous a aussi parlé de ses inspirations, les figures importantes du féminisme noir aux États-Unis, mais aussi de Simone de Beauvoir qu’elle a étudiée pour sa thèse.

Quelques citations de Chroniques sur le féminisme noir :

« En tant que noire, je ne veux plus être l’objet de l’étude : je veux en être le sujet. » (L’homme blanc peut-il interpréter la lutte féministe et anti-raciste ?)

« Je ne suis pas discriminée parce que je suis différente : je suis devenue différente à travers la discrimination. » (Le racisme est une problématique blanche)

Vous pouvez retrouver les livres de Djamila sur le site des éditions Anacaona : La place de la parole noire et Chroniques sur le féminisme noir.

Pour compléter, une vidéo tournée à la fondation Jean Jaurès à Paris, durant sa tournée de promotion en mai 2019, intitulée Racisme et sexisme dans le Brésil de Bolsonaro.

Djamila Ribeiro et son éditrice Paula Anacaona, accompagnées de Joice Berth seront de retour au Lycée Chateaubriand pour une seconde rencontre le 12 novembre 2019. Un grande merci à Paula Anacaona et au Collectif Brésil qui nous ont permis d’organiser cette belle rencontre.

Ana Silvia DAUDIBON.